Violences policières, Notre-Dame-des-Landes, Front national, Nuit debout mais aussi écologie, Pierre Rabhi, spiritualité et zapatisme… la rappeuse marseillaise Keny Arkana a accordé à Reporterre un entretien. Redoutant une guerre civile, elle souhaite une ouverture des consciences à la bienveillance.
Keny Arkana a grandi à Marseille. Militante altermondialiste, elle a confondé le collectif La Rage du peuple et réalisé Un autre monde est possible (2006), documentaire tourné au fil de ses voyages au Brésil, au Mali, au Mexique et en France. Son nouvel album, État d’urgence, est disponible en ligne à prix libre.
Reporterre — Ton nouvel opus s’intitule « État d’urgence ». Parles-tu de l’état d’urgence du gouvernement, de l’état d’urgence social, de l’état d’urgence écologique ?
Keny Arkana — En vérité, j’aurais pu l’appeler « hymne à la paix ». J’ai écrit ces textes suite aux événements de novembre, dans le contexte de la mise en place de l’état d’urgence. C’est un état d’urgence national mais aussi mondial. Depuis le 11 Septembre, il y a eu toute cette conjoncture de lois liberticides et antiterroristes, et puis la France est partie en guerre, ça fait 15 ans maintenant. Mais la guerre, c’est dans les deux sens : c’est facile de la faire du haut de ton avion, en envoyant des missiles et en tuant plein de gens. Mais, à un moment donné, on se la mange en retour, et c’est toujours des innocents qui payent. Pour moi, il y a vraiment un avant et un après 11 Septembre et on vit cette continuité, avec notre 11 Septembre à nous aussi.
Le 13 novembre, c’est un 11 Septembre français ?
Certains diront Charlie Hebdo, d’autres le 13 novembre, mais ce qui est sûr, c’est que tout le monde est dans la peur maintenant, on cherche des coupables tout le temps, on est dans la division et la haine, on se communautarise à fond. On en est arrivé à des pensées hyper-violentes, la majorité des gens serait presque pour la peine de mort maintenant ! Mais comme on est représenté par Sarko ou Valls, qui sont eux-mêmes hyper-violents et hyper-bas… Peut-être qu’on a les représentants qu’on mérite, mais je trouve qu’on tombe dans une vague d’obscurantisme.
Et pour moi, c’est devenue une urgence de se poser les bonnes questions. Je crois qu’il est important de canaliser cette violence et d’insuffler un peu de paix. Il faut qu’on arrive à faire un effort de bienveillance, parce que sinon, ce n’est pas la révolution qui nous attend, mais la guerre civile.
Violence d’État, policières, politiques : le climat s’est dégradé ces derniers mois.
Plus il y aura cette escalade de la violence, plus il y aura des lois ultrasécuritaires qui donneront justement raison à cette violence-là. Bien sûr que je comprends les manifestants qui n’en peuvent plus de toutes ces lois, on a toujours l’impression que notre violence est légitime. Mais si on prend une grille de lecture plus haute, j’ai l’impression que tout est instrumentalisé. Y’a un truc où je me dis qu’on joue le jeu du gouvernement.
Mais que faire face aux violences policières ?
J’en ai parfois parlé avec mes amis militants, qui me traitent d’ailleurs de grosse naïve, mais je pense qu’il faudrait faire des actions de sensibilisation dans les commissariats. Sensibiliser les policiers et leur expliquer pourquoi nos luttes sont justes, et pourquoi elles les concernent eux et leurs enfants. Aller dans les commissariats et discuter, parce que, face aux barricades, chacun est dans son rôle, ça devient compliqué. T’imagines si demain, en pleine manifestation, un CRS décidait, devant ses collègues, d’arrêter, de poser son casque et de passer de notre côté ? Ça casserait une division à laquelle on veut nous faire croire. C’est le truc qui ferait le plus peur au gouvernement.
Mais j’espère juste qu’à ce moment-là, il n’y aurait pas un lâche qui en profiterait pour aller savater le flic. Parce qu’à un moment, la lutte n’est pas seulement politique et sociale, elle est aussi humaine. Et il faut savoir où est vraiment ton ennemi et où est vraiment ton camarade. Bien sûr qu’on a toutes les raisons d’avoir la haine des flics surtout lorsqu’on a subi ses violences — moi, j’avais 13 ans lors de mon premier passage à tabac, ils m’ont frappée pendant des heures et j’avais la rage. Mais veut-on se venger ou veut-on changer les choses ? Il faut savoir avaler sa rancœur, la transmuter, pour l’intérêt général et collectif.
De toute façon, on ne gagnera pas dans le rapport de force d’aujourd’hui. Et même si on y arrivait, on reproduirait les mêmes schémas après. Parce que, malheureusement, la plupart des gens n’ont pas fait ce travail intérieur de changement de conscience, au service de la bienveillance.
Ne vois-tu pas une forme d’espoir avec Nuit debout ?
Si, c’est clair ! On touche justement cette humanité-là quand on résiste comme cela à plusieurs. Depuis les Indignés, il y a cette nouvelle forme de résistance où il n’y a plus besoin d’être encarté ni de donner son petit pouvoir à un représentant politique ou syndical. On crée des outils, des assemblées populaires, des tours de parole, on apprend à s’exprimer et à s’écouter, etc. C’est super important de récupérer son petit pouvoir et de construire un truc horizontal. C’est quelque chose qui n’existait pas il y a dix ans. Donc oui, Il y a un éveil des consciences, une nouvelle manière de voir les choses, plus solidaire et plus horizontal, et c’est très positif.
Faut-il ensuite s’institutionnaliser à l’image de Podemos, qui est l’une des formes héritées des Indignés ?
Personnellement je suis contre, j’ai toujours dit que le changement se construirait par le bas. Pourquoi faudrait-il prendre les outils de Babylone pour lutter contre Babylone ? À partir du moment où tu te structures autour d’un parti, à chercher des financeurs, tu retombes dans le jeu.
J’ai été au Chiapas pendant un an, en 2014. Les zapatistes sont pour moi le meilleur exemple d’autonomie et de politique au service de l’humain. Et ils sont très à cheval sur le concept de la révolution totale : apprend à te changer toi-même avant de vouloir changer quoi que ce soit !
Mais aussi en France : partout il y a ce mouvement de retour à la terre, de construction en autonomie, sous forme de petits collectifs d’une trentaine de personnes, chacun récupérant son pouvoir créatif. Ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’organisation : il faut les gérer, les trente personnes ! Il faut trouver les bons outils.
C’est important dans sa propre réalisation, cette idée de pouvoir créateur, parce qu’à la base, l’humain est fait pour créer. Mais vu qu’on évolue dans un monde qui ne nous donne pas cet espace-là, il y a une distorsion. Du coup, on se détruit nous-mêmes, on détruit les autres.
Aujourd’hui, la plupart des gens, si tu leur demandes ce que serait la maison de leur rêve, ils vont te sortir un truc préfabriqué, la villa avec la piscine… Mais non, frère ! Je te parle de toi, la maison qui te ressemble, toi !
Peut-être que toi, ton kiff ce serait une maison dans les arbres, et toi, une grande maison sans angle droit avec un toit-terrasse. Et moi, ce serait une maison toute bleue ou peu importe. Chacun peut aller au fond de son imaginaire, on est tous singulier. Mais aujourd’hui, on est vampirisé jusque dans nos imaginaires.
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Keny Arkana lors du festival Solidays de 2013.
Comment faire pour toucher la partie de la population qui n’est pas aussi politisée ?
Sensibiliser les gens passera toujours par l’exemple. La plupart des gens rêvent d’un autre monde. Juste, ils ont peur, ils n’y croient pas, il n’y a pas de références auxquelles s’accrocher. Mais si demain, ils voient à côté d’eux qu’il y a une autre manière de vivre, que tous ces petits villages qui se mettent en réseau partout créent de l’autonomie alimentaire, que les gens sont plus épanouis, qu’il y a un truc juste et sain, eh bien, petit à petit, ça va se contaminer. C’est important de résister et de pousser les murs, mais il faut aussi construire derrière. Sinon on s’essouffle.
On dirait le proverbe de Gandhi, « soyez vous-même le changement que vous voulez voir dans le monde » ?
Exactement. Pour moi, dans la désintoxication des imaginaires, on a besoin de spiritualité. Ça n’a rien de dogmatique ou de religieux. Tout le monde fait un truc mystique du spirituel, mais c’est juste l’adjectif du mot esprit… Il s’agit de pouvoir se regarder et creuser un peu en soi-même, pour se libérer de tous nos schémas.
Gandhi, il était puissant. On se moque du petit Indien, mais dans le pays le plus divisé du monde, avec les castes et l’empire anglais, il a tout retourné avec la parole, la force de la compassion et de la tolérance, il a su casser les schémas.
On peut avoir les meilleures valeurs et défendre les meilleurs principes du monde, il y aura toujours dans notre quotidien une part de jalousie et d’ego qui reviendra. Et tant qu’il y aura ça, j’aurai du mal à croire qu’on peut vraiment changer les choses. Parce qu’on sera toujours à l’image de ce qu’on combat.
Spiritualité, révolution des consciences, changement individuel : connais-tu Pierre Rabhi et le mouvement des Colibris ?
J’ai énormément de respect pour Pierre Rabhi, il a fait des choses incroyables, autant par sa pensée que dans ses actes : il a fait pousser des rizières dans le désert… Ce mec-là est puissant.
Le renouveau politique passe-t-il forcément par la terre ?
Si tu n’es pas autonome sur le plan alimentaire, tu n’es pas autonome tout court. C’est une de nos premières fonctions vitales, le reste est forcément superflu. C’est une évidence qu’il faut reconnecter l’humain à la terre pour de vrai.
Te qualifierais-tu d’écologiste ?
Je n’aime pas ce terme. Je trouve que c’est encore trop compris comme au service de l’homme. D’ailleurs, je ne me considère pas comme humaniste au sens occidental du terme, qui met tout au service de l’humanité. Une fois, on m’a dit que c’était humaniste de détruire la moitié de l’Amazonie, puisque c’est pour le besoin des humains… alors si c’est ça, je ne suis pas humaniste !
Moi, je suis « vivantiste », je suis pour le vivant. Je vois la terre comme les Amérindiens, une vision maternelle de la Pachamama : j’entends la détresse de la Terre, je sens les espèces vivantes, les plantes. Ce n’est pas pour mon intérêt d’humaine que j’ai envie de défendre la Terre. Dans ma conception, la Terre ne m’appartient pas, c’est nous qui appartenons à la Terre. Je crois que, dans tous les écosystèmes, il y a une harmonie. Et nous, dans notre instinct de domination, on casse cette harmonie.
C’est le Vatican et l’inquisition qui nous ont coupés de la nature en nous faisant croire qu’elle était une menace, que c’était le diable. Au contraire, si tu connais vraiment la nature, tu sais que là où tu te fais mordre par un serpent, à côté il y a la plante anti-venin. La nature est bien faite. Il y a un truc beau, un truc aimant. Elle te soigne, la nature, si tu es un peu connecté aux énergies, tu sens qu’elle est puissante, vivante…
Tu es végétarienne ?
Oui. Mais je ne veux pas être trop rigide non plus : si je suis chez des indigènes qui ont tué un poulet pour moi, je ne vais pas faire la tendax.
En France, l’une des luttes emblématiques pour la terre, c’est Notre-Dame-des-Landes…
La dernière fois que j’y étais, c’était en 2013, ça fait un petit moment. Je trouve ça super, tout le mouvement des Zad en France, mais des fois, ça me met aussi un peu en colère. Une colère de grande sœur, tu vois, mais j’ai envie de leur dire : « Les frères, soyez vraiment des gardiens de la Terre ! » Je suis désolée, mais la lutte, c’est sérieux, c’est pas boire des bières et fumer des pétards. D’ailleurs, quand tu vas chez les zapatistes, c’est interdit. Je suis moi-même une fumeuse, je suis pas en train de juger. Mais je dis ça parce que j’ai vu trop de fois des pollutions de Babylone-système sur la Zad. Il suffit pas de faire le révolté, il faut aussi être à l’image du changement.
Mais défends-tu tout de même l’occupation ?
Bien sûr qu’il faut occuper !
Et pour la consultation, tu voterais non si tu pouvais ?
Non à l’aéroport ? Ah oui ! D’ailleurs, ça fait chier de devoir voter pour ça : ça devrait être une évidence ! La France, c’est tout petit : vous voulez mettre combien d’aéroports ? L’aéroport, il y en a déjà un à Nantes. Là, il y a un super écosystème, préservé. Sans parler de toutes les familles, de tous les agriculteurs, de tous les paysans. Et puis, il y a le problème du financement aussi. Les contribuables qui paient un truc dont ils n’ont pas forcément envie, pour les bénéfices d’un privé [Vinci]. Et si ce privé-là ne rentre pas dans ses chiffres, il y a encore l’État qui lui donne des subventions ! Il faudrait plus qu’un référendum local.
C’est-à-dire ?
Pour moi, le meilleur moyen de se faire entendre dans le rapport de force, c’est de bloquer l’économie. C’est l’exemple des piqueteros en Argentine : ils ont réussi à le faire dans un pays qui fait huit fois la France. La France, c’est petit : il y a cinq autoroutes principales… C’est Vinci, l’ennemi : on pourrait faire une action « péages gratuits », des concerts et des teufs sur les autoroutes pour les bloquer. Si tu bloques ne serait-ce qu’une journée, tu bloques toute l’économie du pays, et tu fais perdre des millions à Vinci ! Il y a de vraies actions à faire, et quand tu touches au nerf de la guerre, on t’écoute un peu plus.
Le « collectif de Tarnac » dit qu’il faut que tout s’arrête pour pouvoir tout recommencer. Es-tu d’accord avec cette approche ?
Oui. Le seul problème, c’est qu’il y aura toujours des gens qui le prendront comme un acte violent. Parce que c’est une frustration et parce qu’ils n’en sont pas là dans leur conscience. C’est compliqué : au bout d’un moment, où s’arrête l’autoritarisme ?
La grande difficulté des mouvements de contestation aujourd’hui, c’est de toucher les classes populaires…
C’est compliqué. Un mec de quartier a toujours été exclu, pourquoi il se sentirait concerné ? Qui est là pour lutter à ses cotés contre la discrimination, la ghettoïsation, les abus policiers et toutes les portes qu’on lui ferme à la gueule ? En voyant les manifs, il peut se dire que c’est les bourgeois contre les bourgeois, que ces mêmes gens qui militent n’en ont jamais rien eu à faire de lui. Il y a un désintérêt du fait de l’exclusion. Le manque d’humanité pousse au manque d’humanité, c’est un cercle infernal. Et puis, il y a aussi toute cette pression capitaliste, dans les quartiers, une sorte de culte de l’argent. Quand ta famille a tout sacrifié, qu’elle a quitté son pays, ses proches, pour pouvoir t’offrir une situation et un certain confort de vie, c’est difficile de mettre une croix sur toute cette douleur et tout cet espoir sous prétexte qu’il faut faire la « révolution ». C’est dans les quartiers qu’on subi toutes les pires galères dans ce pays. Quand ton grand-père s’est battu pour la France et que, trois générations après, on te parle encore de rentrer chez toi, il y a de quoi cultiver quelques rancœurs. Ça rend la convergence beaucoup plus compliquée. Je pense qu’il va falloir une génération ou deux encore, pour faire évoluer cette situation.
Forcément, ceux qui viennent de la classe moyenne n’ont pas tout cet héritage, ils sont forcément plus libres. Et puis, en France, il y a toujours eu ce côté élitiste chez les militants. Leurs brochures, c’est pas donné à tout le monde de les lire. Quand tu vas en Grèce, il y a un truc beaucoup plus populaire dans le militantisme. Il n’y a pas la même histoire d’immigration aussi, parce qu’il n’y a pas toute cette histoire des colonies. C’est compliqué, la France, et c’est pour ça que, tant qu’il n’y aura pas eu des guérisons entre les gens, j’ai peur que pousser à la révolte ne rapporte que la guerre civile. Et ne fasse le jeu des identitaires, qui prennent à fond du galon depuis quelques années.
Certains mouvements d’extrême droite noyautent les quartiers populaires, autour de Dieudonné ou de Soral, par exemple. Le FN a déjà tenté à certains moments de récupérer tes chansons. Que fait-on face à cela ?
Je suis pour l’humain et donc pour le débat. Pas avec des Marine Le Pen, parce que c’est des manipulateurs, ces gens-là. Mais avec les petites gens. Souvent, les gens qui ont les idéologies et les pensées les plus nauséabondes ont aussi des blessures de ouf. Est-ce qu’on continue à alimenter cette blessure ? Je veux que les gens comprennent bien mon discours, sans faire d’amalgame, parce que c’est subtil ce que je raconte. Je pense qu’on se trompe à faire des camps. L’exclusion ne fait que renforcer les fractures.
Franchement, si demain, avec mes potes du quartier, on voit débarquer des fachos, plutôt que d’aller se « fighter », je préférerais dire : « Venez, on se pose et on discute, c’est quoi le problème en fait ? Elle vient d’où, toute cette haine ? Pourquoi ? Tu connais l’histoire ? La France, si c’est un pays riche, c’est grâce aux minerais de l’Afrique noire, encore aujourd’hui. Vous êtes sûrs de vouloir faire chacun chez soi ? Parce que c’est vous les perdants ! »
Dans l’histoire de la France, on ne peut pas enlever la colonisation. S’il y a une dette, c’est les pays coloniaux qui doivent beaucoup… Je me dis qu’il faut parler, aller au fond des choses, mettre les mecs face à leur contradiction. Alors que dans le rejet, tu donnes raison à l’autre. On est semblable dans nos cœurs. Tu vois, même le raciste, peut-être que si tu connais son histoire et que tu as un peu de compassion, tu peux te dire : « Ah, okay, il en est arrivé là, pour ça, il a eu telle expérience de vie. » La compassion, c’est important pour notre guérison générale. Parce que vraiment, on est tous un peu malade. Il faut être tolérant. Et ne pas être comme ceux que l’on combat.
As-tu prévu de voter en 2017 ?
Je ne sais pas. On ne changera jamais rien par ça. J’aime bien le dicton : « Voter, c’est lécher le fouet de son maître. » En même temps, je me dis qu’au nom de tous les gens qui se sont battus pour ce droit, les femmes qui n’ont voté qu’en 1945… C’est clair qu’ils n’ont pas lutté pour cette mascarade-là. Mais ça ne nous coûte rien de mettre un bulletin dans l’urne. Le XXᵉ siècle, c’était gagner des droits, le XXIᵉ, faire qu’ils ne nous les enlèvent pas ! Notre acte citoyen devrait être au quotidien. Je ne ferai pas la promotion pour les grandes campagnes de vote, mais peut-être que j’irai à titre personnel.
« ÉTAT D’URGENCE », UN EP À PRIX LIBRE
Keny Arkana — Ça faisait longtemps que j’avais envie d’essayer pour être plus en direct avec le public. L’accès aux chansons est gratuit, mais sans dire gratuit, car en France, on a un problème avec ça : la gratuité sous-entend quelque chose de bâclé, qui n’a pas de valeur… Donc là, si tu veux participer, tu participes.
J’aimerais pouvoir tout faire en prix libre, mais c’est compliqué dans ce système. T’imagines du « prix libre » à la Fnac… ? Du coup, c’est moi qui ai tout produit, et j’ai laissé Because Music [sa maison de disque] le mettre sur Itunes, pour qu’ils s’y retrouvent.
J’ai décidé de rentrer dans l’industrie pour sensibiliser des gens qui ne seraient pas touchés sinon. Ma maison de disque comprend la démarche et valide depuis le début la profondeur du projet. On ne m’a jamais dit « il y a une phrase que je n’aime pas » et ça, c’est le plus important.